Jesse Wallace est artiste plasticien et éditeur. Il est né en 1991 à Paris et travaille entre la France et les États-Unis. Diplômé d’un DNSEP à l’ESAD de Reims en 2016, il part aux États-Unis où il entame un travail photographique et sculptural entre fiction et documentaire. Le travail de Jesse Wallace s’articule en plusieurs temps distincts : il commence par un archivage photographique des
territoires éloignés où il part à l’aventure ( Mississippi, Californie du Nord, Archipel des Hawaii ). Il capture les paysages grandioses, souvent violents, la faune et la flore ou encore les installations humaines primordiales qui se développent dans ces communautés : le garage du mécanicien, la ferme de l’agriculteur, l’atelier de l’artiste, la jetée où s’active le pêcheur. Il profite de ces expéditions photographiques pour développer dès lors un travail sculptural : assemblages de ferraille, tuyaux, moteurs abandonnés et autres bidons viennent former des véhicules et machines imaginaires prêtes à défier les modules de course de Tatooine. Il n’en conserve que la photographie, nature morte qui vient abonder le flot d’images documentaires qu’il a prises, le diluant de fait dans une fiction naissante.
Nouvelle étape dans son processus de création, le retour à l’atelier effectue la mise à distance nécessaire pour ré-interpréter les contrées visitées. Après maturation des images rapportées, Jesse Wallace vient les disséquer dans une série de manipulations  physiques et numériques, il multiplie les expérimentations, il décompose et déforme, détériore et sublime les différentes couches de la photographie, à la recherche d’une troisième dimension que le dispositif photographique avait aplatie. Jesse Wallace repousse les limites de son médium pour conjurer la suppression de l’espace tridimensionnel ; injustice faite aux souvenirs et impressions de voyages, l’artiste travaille à conférer à ses images une nouvelle matérialité—volume, poids, texture. La mise en espace de ces images ainsi métamorphosées est l’acte III dans la conception de ses installations. Jesse Wallace vient créer des sculptures-socles, souvent élaborées en plâtre. L’architecture de celles-ci sont empruntées aux installations précaires de construction : échafaudage de bambou, établi bricolé, cabane de fortune faite de palettes de transport. Les éléments génériques ainsi conçus constituent une bibliothèque de
formes dans laquelle l’artiste vient puiser au gré des espaces qu’il investit : ses sculptures sont modulables, adaptables.

Ce caractère nomade est autant pragmatique qu’il participe à la fiction désirée, celle d’un monde aussi accueillant qu’hostile. Libre de partir ailleurs, contraint de s’enfuir. Loin du ready-made, Jesse imite pour ses sculptures-socles aussi vraies que fantasques, les phénomènes naturels d’érosion, de cristallisation, de calcification. Telles des stalactites ou stalagmite ouvragés, les sculptures  accueillent alors les images qui viennent y prendre appui dans une posture nouvelle. Une relation s’instaure entre la sculpture
et la photographie comme entre l’eau et la rive : les éléments s’imbriquent et s’influent. Un mouvement de ressac qui force le plan à surgir en volume, des reliefs qui se distordent dans leurs reflets. Voilà la frontière en perpétuelle mutation, l’interstice animé dont Jesse Wallace aime jouer pour questionner les modes de représentation. Il recompose ainsi des paysages en suspens, écho des exploitations humaines au coeur de la Nature qu’il avait photographiées à l’autre bout du monde. L’éphémère y est devenu éternel, et ces morceaux de territoires sont figés une fois de plus sous les cendres du Vésuve. Le spectateur y déambule dans un faisceau d’indices ; différents objets et images arrêtés en plein changement d’état—apparition ou disparition—esquissent différentes narrations empreinte d’entropie.

Jesse Wallace appartient effectivement à une génération d’artistes passés à l’âge adulte alors que les défis écologiques devenaient plus prégnants chaque jour. Il est comme nous acteur d’une planète que la science nous annonce au bord du cataclysme et dont le politique ne prend pas acte. Les préoccupations de civilisation par delà lesquelles nous devons construire nos vies se retrouvent  matérialisées dans les installations que Jesse propose, œuvres-témoins de la fragilité du contemporain, paysages devenus vanités.
En juin 2018, Jesse Wallace co-fonde une maison d’édition indépendante à Paris, First Laid, plateforme collective pour diffuser
le travail d’une scène artistique naissante. Il s’emploie avec ses camarades, au travers différentes publications et expositions, à créer des ponts entre jeunes artistes, designers et typographes issus d’écoles et de situations géographiques différentes. Théodore Dumas

Jesse Wallace appartient effectivement à une génération d’artistes passés à l’âge adulte alors que les défis écologiques devenaient plus prégnants chaque jour. Il est comme nous acteur d’une planète que la science nous annonce au bord du cataclysme et dont le politique ne prend pas acte. Les préoccupations de civilisation par delà lesquelles nous devons construire nos vies se retrouvent matérialisées dans les installations que Jesse propose, œuvres-témoins de la fragilité du contemporain, paysages devenus vanités.
En juin 2018, Jesse Wallace co-fonde une maison d’édition indépendante à Paris, First Laid, plateforme collective pour diffuser le travail d’une scène artistique naissante. Il s’emploie avec ses camarades, au travers différentes publications et expositions, à créer des ponts entre jeunes artistes, designers et typographes issus d’écoles et de situations géographiques différentes.
Théodore Dumas